Fraudes et dérives du bris de glace automobile

Depuis plusieurs années, le marché de la réparation et du remplacement de pare-brise connaît une envolée spectaculaire des prix.

Cette envolée est alimentée par des marges de plus en plus élevées des entreprises spécialisées, ainsi que par des arnaques particulièrement bien rôdées.

Cette inflation tarifaire pèse lourdement sur les assureurs, qui doivent faire face à une hausse des indemnisations, avec des conséquences directes sur les cotisations d’assurance des automobilistes.

À l’instar des arnaques liées aux comptes professionnels de formation (CPF), certaines entreprises de remplacement de pare-brise usent de méthodes frauduleuses.

Elles gonflent notamment leurs factures aux assureurs, usant parfois de stratagèmes particulièrement audacieux pour convaincre les clients.

Un marché dominé par quelques acteurs

Le secteur du remplacement de pare-brise est largement dominé par quelques grandes enseignes qui ont su imposer leur modèle économique.

Profitant de leur notoriété et de campagnes marketing extrêmement agressives, ces entreprises pratiquent des tarifs nettement supérieurs aux coûts réels des prestations.

Dans bien des cas, le remplacement d’un pare-brise est facturé à des prix bien plus élevés que ceux d’une pièce équivalente achetée directement chez un concessionnaire, un grossiste ou un petit revendeur.

Des stratégies commerciales qui gonflent considérablement les factures

Plusieurs stratégies permettent aux entreprises de maximiser leurs profits.

Elles consistent à pratiquer des prix gonflés, avec des tarifs affichés souvent surévalués, notamment en raison de marges importantes sur les pièces détachées.

Ou encore, à une multiplication des prestations annexes comme la calibration des capteurs ADAS, les traitements hydrofuges, ou encore les garanties prolongées.

Autant de services qui, bien que parfois superflus, sont systématiquement facturés.

La gratuité affichée pour l’assuré masque en réalité une charge financière reportée sur les assureurs, qui répercutent ensuite cette hausse des coûts sur les primes des contrats automobile.

Des arnaques particulièrement bien rodées

Tout le monde connaît la célèbre publicité de la société Carglass : https://www.youtube.com/watch?v=VxgRocvBpSA&list=PLjvDC90oePSwvxmqtcXxVM3WbREMNbIO_&ab_channel=PubT%C3%A9l%C3%A9

Cette publicité incite les automobilistes à faire appel à leurs services en cas de réparation ou de remplacement d’un pare-brise, souvent sans avance de frais pour eux grâce à la prise en charge des assureurs.

Comme le révèle une enquête du journal quotidien Le Parisien, ce secteur est gangrené par des pratiques abusives visant à gonfler les remboursements des assureurs.

Ces fraudes rappellent les démarchages agressifs liés aux comptes CPF, où des promesses alléchantes cachent en réalité des escroqueries bien ficelées.

Des cadeaux attrayants en échange d’un pare-brise remplacé !

L’enquête met en lumière des cas stupéfiants.

Des sociétés, via des centres d’appels parfois situés à l’étranger, proposent des incitations financières ou matérielles pour un simple remplacement de pare-brise : consoles de jeux ou SPA offerts, argent en liquide, tout est bon pour appâter les clients.

Pire encore, certains opérateurs n’hésitent pas à inventer des défauts pour imposer un nouveau remplacement sous couvert d’une erreur de pose.

Des marges exorbitantes aux frais des assureurs

A titre d’exemple édifiant, un pare-brise de Nissan Qashqai, acheté 150 €, est facturé 530 €, alors que son coût total pour l’assureur atteint 1 350€ !

Des formations à la création d’entreprise dans ce domaine vantent des marges allant jusqu’à 65%.

Face à ces dérives, les assureurs ont décidé de sévir contre ces nouvelles pratiques frauduleuses, qui impactent inévitablement le coût des assurances pour l’ensemble des automobilistes.

Les révélations de l’Agence de Lutte contre la Fraude à l’Assurance (ALFA) sur ces pratiques sont édifiantes. Créée en 1989, cette association loi de 1901 dont l’objet est de promouvoir la lutte contre la fraude dans le secteur de l’assurance, lutte contre la fraude à l’assurance, en développant actions de prévention et moyens de détection des sinistres frauduleux.

Des pratiques choquantes qui doivent définitivement cesser

D’année en année, les primes d’assurance automobile poursuivent leur hausse, influencées par divers facteurs. Les fraudes à l’assurance ont connu une forte hausse en 2023. Selon le rapport annuel d’ALFA, en charge de la lutte contre les arnaques aux assurances, le montant des fraudes liées aux assurances dommages aux biens a atteint 485 millions d’euros l’an dernier, soit une augmentation de 10,2 %. Et, de manière plus globale, la fraude a progressé de 18,3 %, s’élevant à 695 millions d’euros.

Le secteur automobile est particulièrement touché, avec 236,8 millions d’euros de fraudes détectées en 2023, contre 188 millions d’euros en 2022, illustrant une nette accélération du phénomène. « Nous assistons à une véritable industrialisation de la fraude, qui s’est professionnalisée ces dernières années et repose désormais sur des réseaux organisés », alerte Maxence Bizien, directeur général d’Alfa. En 2023, l’association a recensé 42.232 sinistres frauduleux, soit une augmentation de 12,8 %.

Si les fausses déclarations de vol ou les constats de complaisance restent courants, Alfa a observé une recrudescence des fraudes au bris de glace : sinistres fictifs, faux bons de livraison, fausses factures, … Des cas d’usurpation d’identité d’assurés ont même été recensés, probablement imputables à la disparition de la carte verte d’assurance. Toutes ces escroqueries organisées contribuent à l’augmentation du coût de la sinistralité.

Face à ces pratiques, les sociétés d’assurances se trouvent contraintes d’augmenter leurs tarifs pour compenser la hausse des indemnisations. En conséquence, les assurés finissent par payer indirectement ces marges excessives à travers des cotisations toujours plus élevées. Et ce, même si certains assureurs commencent à réagir en limitant le remboursement ou en imposant des réseaux de garages partenaires pour contrôler les coûts.

Vers une régulation prochaine du marché ?

Pour enrayer cette inflation des coûts, plusieurs pistes sont évoquées :

• Un encadrement des tarifs avec l’instauration d’un prix plafond pour limiter les abus et rétablir une certaine équité sur le marché.
• Une meilleure transparence des prix avec l’obligation d’affichage détaillé des coûts réels qui permettrait aux assurés et aux assureurs de mieux contrôler les dépenses.
• Une responsabilisation des automobilistes par la sensibilisation à l’impact financier des réparations et l’encouragement à comparer les devis pour inciter les entreprises à ajuster leurs prix.
• Une orientation systématique des clients vers les prestataires partenaires.

Si rien n’est fait, cette situation pourrait continuer d’alimenter une spirale inflationniste nuisant tant aux assureurs qu’aux automobilistes.

La mise en place de mesures réglementaires et la responsabilisation des acteurs du secteur apparaissent comme des solutions indispensables pour rétablir un équilibre économique plus juste.

Et quand est-il du remplacement des pare-brises des voitures de collection ?

Le remplacement des pare-brises des voitures de collection est une problématique particulière, car ces véhicules ont souvent des vitrages spécifiques qui ne sont plus produits en série.

Certains fabricants ou distributeurs spécialisés en pièces détachées pour voitures anciennes possèdent encore des pare-brises d’origine en stock.

Si la pièce d’origine est introuvable, il est possible de faire fabriquer un pare-brise sur mesure par des artisans spécialisés dans la découpe et le façonnage du verre automobile.

A noter également que certaines références de pare-brise d’autres modèles peuvent être ajustées à une voiture de collection avec quelques modifications.

Fraudes et dérives du bris de glace automobile

25 mars 2025 | Assurance auto et moto de collection